dimanche 13 novembre 2011

Suivi de campagne ou suivi de crise ?

Cette semaine aurait dû nous faire doucement rigoler: les sarko boys étaient déchaînés. Copé se fâchait sur le vote des étrangers, le mariage homosexuel faisait s'étouffer notre secrétaire d'Etat à la famille, et l'explosion fratricide des 7 familles de l'UMP guettait...

Mais au lieu de ça, nous avons eu le droit à une centration médiatique sur le regain de popularité de Nicolas Sarkozy dû à son activité sur la scène internationale. "La séquence internationale relance le président..."

Mais quelle kermesse !!! 

Et ce pour deux raisons.

Premièrement, ces "analyses" resservient toute la semaine montrent le fonctionnement de nos grands médias: l'analyse de l'action de nos hommes politiques s'efface devant celle de leur communication. Jamais de fond, toujours de la forme !!

Surtout, ce refus de nous parler du fond montre leur absence de considération à notre égard. Sommes-nous trop imbéciles pour comprendre l'impact des décisions du G20 sur l'économie de nos pays ? Le fait que Angela, Nicolas et Barack se remuent doit-il nous rassurer ? Doit-on se satisfaire du fait que leurs actions aient "rassuré les marchés" ? Notre besoin d'information doit se contenter de cela et nous permettre de dormir tranquille ?

Signalons tout de même les analyses de fond, de haut-niveau, de certains journalistes qui frappent toujours aussi fort par leur enfermement idéologique : la Une du Point, par exemple, nous donne à réfléchir en assimilant l'entrée de la Grèce dans l'Euro à une des grandes erreurs de l'Histoire. Si si regardez; Tordant !! Ou encore cette journaliste politique d'Europe 1: "Les Verts, tellement hostiles au progrès..."

Deuxième raison d'un énervement manifeste face à ce discours "séquence internationale", si analyser la communication de nos représentants politiques et de celle des grands acteurs de la politique économique européenne est une ânerie, ne pas discuter des résultats de leurs actions en est une autre parce que l'on moins que l'on puisse dire en seulement une semaine, c'est qu'ils prêtent à discussion.
Certains économistes en discutent. A eux la parole.

Après une semaine de G20, aux réjouissances sur la possibilité de mise en place aux calandes... grecques d'une taxe sur les transactions financières ont succédé une hausse des taux d'emprunts de nos états.
Oui, le G20 devait sauver le monde et 3 jours plus tard, l'Italie empruntait à 7%, record historique. Faute à son instabilité politique ou faute à Mario Draghi qui en fermant la pauvre petite porte des eurobonds nous envoie tous au casse-pipe (cf billet précédent) ?

M. Harribey réalise un fort bel article sur ce point notamment, et surtout il montre comment nos dirigeants réemploient les mêmes recettes de la crise de 2008 appliquées, à la sphère des dettes publiques.
Très technique, pointu, mais une analyse qui vaut le détour.

Ajoutons à cela deux processus collectifs lancés par cette semaine: le premier mouvement s'intitule "Collectif pour un audit citoyen de la dette publique" et souhaite mettre à jour les processus qui ont amené à la création de la dette, de nos dettes dans chaque institution, chaque administration, chaque collectivité territoriale. Une pétition est en ligne que vous pouvez signer pour appuyer ce mouvement. L'éditorial support sur le site est limpide...

Le deuxième ne constitue pas un lancement mais une belle relance du collectif des économistes atterrés. Site, publications, articles, vous trouverez tout ce qu'il faut ici et des nouvelles d'un beau pays dont on ne parle jamais mais qui connaît un renouveau politique, économique et démocratique: l'Islande... Ces irresponsables qui refusent de payer...

Coriat, B., Lantenois, C., Crise, Faillite et Défaut : Economie et Politique de la Restructuration de la dette islandaise, Site arrerres.org, novembre 2011.

Bref, pendant que nous sommes sensés nous laisser berner par le show médiatique de nos dirigeants, leurs actions et plus encore celle de la BCE font grimper nos taux d'emprunts et nos dettes. Ils nous jouent la carte de l'harmonisation et de la gouvernance mondiale, tout en mettant en oeuvre nationalement des politiques opposées. Choisissons, en France, l'austérité puisque nous vivons au-dessus de nos moyens: ce n'est pas comme si nous comptions déjà 7 millions de travailleurs pauvres et que notre économie détruisait 30 000 emplois par mois.

1 commentaire:

  1. Et cette semaine débute au taquet : BABAR, roi des éléphants, seule référence littéraire que le "TOTO" du gouvernement avait en magasin. Si seulement il avait lu l'oeuvre de Jean de Brunhoff...le roi de Celesteville est un héros courageux qui se bat pour sa liberté, loin de la caricature que propose Mr Chatel :

    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/213593;luc-chatel-traite-francois-hollande-de-babar-que-dira-t-on-de-sarkozy-ou-dsk.html

    Mais voilà, la forme, toujours la forme : un gros éléphant mou et un petit gaulois énergique...c'est pathétique !

    Et quand le fond émerge enfin, il est éclipsé par une nouvelle ineptie de forme. C’est le cercle vicieux de l’ignorance et du cliché.

    "Plus un peuple est éclairé, plus ses suffrages sont difficiles à surprendre [...] même sous la constitution la plus libre, un peuple ignorant est esclave."
    (Condorcet, Cinq Mémoires sur l'instruction publique, 1792)


    Mazcarad

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