dimanche 6 novembre 2011

Quelle semaine...

Oui, chers amis, quelle semaine !

Aux oubliettes, Piketty, Montebourg et cie, même si une contre-analyse, facile, du magazine Challenges vaudrait/vaudra le détour.
Les 5 mythes de la démondialisation, Challenges.fr, octobre 2011

Cette semaine, Jean-Claude Trichet est remplacé par Mario Draghi à la tête de la BCE. Celui-ci commence par changer son fusil d'épaule ou plutôt, notre fusil, puisqu'il s'agit de nos outils principaux de politique économique: la BCE diminue ses taux pour relancer l'économie en prenant le terrible risque de l'inflation, honnie depuis des années, mais ferme le ban du refinancement des Etats ; la BCE ne rachètera plus, ou dans une moindre mesure, leurs obligations ! Enorme coup de tonnerre !

Pour bien comprendre, il est utile de rappeler que la France dès 1973 puis l'Union Européenne se sont engagées dans une voie très particulière, peut-être unique au monde: elles se sont auto-interdites de refinancer leurs dettes par des prêts directs de leurs Banques Centrales. La Réserve Fédérale aux Etats-Unis rachètent les bons du Trésor et entretient/grossit sa dette à coût moindre. En Europe, nous empruntons de l'argent (fictif) à des banques privées, à des taux fixés par les marchés. Et quand ces banques n'en ont plus (oui, il y a des règles à la création d'argent fictif), nous prêtons aux banques pour qu'elles nous le reprêtent à un taux supérieur.

Il s'agit là du point fondamental, de l'origine de la crise actuelle. Le Japon emprunte auprès des Japonais (nationalisation de la dette), les Etats-Unis font marcher la planche à billets (monétisation de la dette) et nous, nous aurions résolu le problème de la dette si nous ne payions pas des intérêts à nos créanciers privés depuis des décennies. Ce n'est pas clair ? Le diaporama suivant est très bien fait, même si l'absence de sources n'est pas excusable. Désolé.

Ensuite, Angela et Nicolas jouent les caïds de cour d'école pour interdire à un président élu de consulter son peuple. Passons sur l'absence de souveraineté d'un peuple, Nicolas est un habitué: son premier fait de gloire de président ayant été de s'asseoir sur notre vote pour signer le traité de Lisbonne. Plus grave, nos deux chefs d'Etat font transformer le oui ou non à un mauvais texte, en une question sur la sortie de la zone euro. Sortie qui enverrait la Grèce vers un marasme économique et financier délirant vues les structures de l'économie mondiale actuelle (Combien vaut la drachme nouvelle ? Combien exigera-t-on de dollars ou d'euros pour une drachme sur le marché des changes, pour les importations des produits de base qui ne sont plus produits en Grèce ?). Regardez le tableau suivant qui indique les intérêts actuels payés par la Grèce avec cette histoire de financements auprès des banques. Et Mario Draghi veut en rajouter une couche !

Sur le texte proposé aux Grecs,

Sur les taux payés par la Grèce, oui la fin de la courbe est bien réelle, zoomez pour avoir le détail au jour le jour.

Et un article prémonitoire (18 mois de date) qui porte joliment son nom sur l'orthodoxie allemande :


Puis Barack Obama et Nicolas Sarkozy nous font un sketch de franche camaraderie sur fond de gouvernance mondiale en marche. Barack Obama, la semaine précédente, a été touché par la grâce en relançant l'investissement public et en revenant sur le maintien des baisses d'impôts de Bush destinées aux classes moyennes. Tout est dans la définition des classes moyennes: Bush, et Obama en les reconduisant, avaient assimilées celles-ci aux ménages ayant moins de 250 000 dollars de revenus par an. Obama s'étant grandement écarté, vers la droite, de son programme de campagne, il y revient en cette année de crise économique et électorale. 
Mais Nico et Barack nous la jouent copains de la gouvernance mondiale alors qu'ils ont des stratégies nationales opposés: les Américains misent sur la croissance et l'emploi quand nous misons sur l'austérité !

Et pour finir, Beaudoin Prot, conseiller économique influent de Nicolas Sarkozy,en catimini selon P. Larrouturou, annonce que la BNP voit fondre son bénéfice de 70%. La plus solide des banques françaises, nous disait-on, grâce à son modèle fondé sur une banque de dépôt sérieuse, est surexposée à la dette grecque et, dans le même temps, risque d'être condamné à rembourser l'argent qu'elle aurait reçu des placements de Bernard Madoff.


Décidément, dure semaine...







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